Se protéger de l’infobésité avec les 3 passoires de Socrate

Oct 14, 2022

Je destine cet article en particulier à des proches que je vois sombrer dans la dépression à cause de ce que je suspecte être de l’infobésité. Le trop-d-info n’est probablement pas la seule cause de malheur, bien-sûr, mais je suppose qu’il est à l’origine de l’essentiel de nos maux (et mots). 

Quels risques à l’infobésité ?

Avec les smartphones, la TV et la radio, le travail, Internet fait partie des canaux qui nous bombardent constamment d’informations, si bien que des chercheurs en université étudient « l’infobésité ». Tout comme le surpoids, la surinformation provoque des désagréments plus ou moins graves : difficulté à se concentrer, dépit et dépression. Tout comme la cigarette, plus nous avons d’infobèses autour de nous consommant cette substance, plus c’est difficile d’arrêter. Lorsque nous sommes constamment noyés dans une masse d’informations, au lieu de nous aider à faire des choix éclairés, l’excès paralyse nos processus de décision. L’infobésité provoque une surcharge cognitive provoquant une forme de tétanie : la paralysie décisionnelle. En bref, passé un certain stade, plus on s’informe, moins on agit, ce qui nuit à l’accès au bonheur.

La plupart des articles au sujet de l’infobésité visent à améliorer les conditions de travail, afin de rendre plus productif. Effectivement, l’infobésité est le plus souvent rencontré au bureau face à trop de sollicitations : mails, hiérarchie, clients, SMS, etc. Hélas, à mon avis, le problème ne peut pas être réduit à un seul manque de performances au travail. Le poison de l’infobésité se répand dans tous les aspects de la vie.

Comment se protéger de l’infobésité ?

Il faut accepter de ne pas pouvoir tout savoir et tout traiter ; identifier ses priorités et réduire son nombre de canaux d’informations ; s’informer moins souvent, mais mieux, sur les sujets vraiment importants. L’information doit servir l’action, l’action sert à s’accomplir, s’accomplir rend heureux.

Comment prioriser ce qui est VRAIMENT important de savoir ? Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

Quidam — Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ?

Socrate — Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j’aimerais te faire passer un test, celui des 3 passoires.

Quidam — Les 3 passoires ?

Socrate — Mais oui. Avant de raconter toutes sortes de choses, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des 3 passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?

Quidam — Non. J’en ai simplement entendu parler…

Socrate — Très bien. Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?

Quidam — Ah non ! Au contraire.

Socrate — Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es même pas certain qu’elles soient vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l’utilité. Est-il utile que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ?

Quidam — Non. Pas vraiment.

Socrate — Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Ce dialogue socratique invite à s’interroger sur la qualité des informations que nous recevons : respectent-elles les valeurs fondamentales de la vérité, de la bonté et de l’utile ? Sont-elles sûres (vraiment vraies), bonnes (apportant du bonheur) et utiles (permettant d’aider) ? La plupart des informations aujourd’hui ne cochent aucune de ces cases. Elles ont pour effet principal de nous gaver d’information, de nous stresser et de nous empêcher d’agir pour ce qui compte vraiment.

Le test des 3 passoires de Socrate

Illustration de sciencepresse.qc.ca

Alors ? D’après ce test, de quelles infos feriez-vous mieux de vous débarrasser ?

Personnellement, je vais rarement sur les sites d’information, voir la télévision, sur un fil d’actualité Facebook, YouTube, Twitter ou autre. Je vais chercher les informations exclusivement en utilisant un moteur de recherche en fonction de mes besoins, ou alors je m’abonne à de très rares newsletters par mail relatives à des thématiques précises et utiles (au sujet de l’informatique, du marketing, de l’entreprenariat et de la politique au sens noble). L’hygiène mentale est tout aussi importante que l’hygiène du corps.

Qu’est ce qu’une bonne information ?

À mon avis, une manière complémentaire à celle des trois passoires pour trier les informations consiste à se débarrasser de celles qui ne contribuent pas à remplir des objectifs SMART. La passoire de l’utilité a du sens seulement si nous avons préalablement défini des objectifs. Si s’accomplir rend heureux… alors tout obstacle à l’accomplissement de nos objectifs provoque du malheur. Faut-il encore définir des objectifs qui nous rendent véritablement heureux et non pas se fixer des objectifs flous, inatteignables ou incompatibles avec d’autres objectifs plus importants (comme le classique exemple du travail au détriment de la famille).

Un objectif SMART devraient répondre à ce types de questions :

  1. S. Est-il suffisamment précis et spécifique pour être découpé en tâches par exemple ?
  2. M. Est-il suffisamment mesurable pour pouvoir en contempler l’avancement ?
  3. A. Est-il suffisamment atteignable ? Ai-je vraiment les moyens (temps, argent, capacité, motivation) ?
  4. R. Est-il suffisamment pertinent d’après nos propres critères ? Est-ce vraiment utile ? Est-ce que ça répond à un problème important ? Est-ce qu’il remplit vraiment un objectif stratégique ? N’y a t il pas une meilleure solution ? Une solution n’existe t elle pas déjà ?
  5. T. Est-il temporellement définissable ? Quelle est l’échéance ? À partir de combien de temps passé vais-je accepter l’échec et passer à autre chose ? Ou au contraire, à partir de quel résultat en combien de temps je vais être satisfait ?

Les objectifs individuels peuvent suffire, mais souvent, il ne prennent sens qu’au sein d’un collectif. Alors pour finir, je recommande cette initiation à la stratégie collective : développer collectivement une stratégie – stratégie militaire appliquée au milieu civil par le Colonel Le Nen.

 


Dialogue socratique, tri des infos, objectifs SMART, stratégie, … J’utilise ces principes pour former tout type de personne à la création de leur site internet et au développement d’une activité (pro ou associative). Durant les formations, je prends le temps de clarifier avec les personnes leurs objectifs et leurs stratégies, afin d’obtenir des résultats efficaces et satisfaisants d’après leurs propres critères. J’accord beaucoup d’importance aux valeurs de vérité, de bonté et d’utilité telle que décrite par Socrate, alors j’essaie de débarrasser mes propos de toute information qui ne correspond pas aux besoins de mes interlocuteurs.

J’espère que ce contenu vous a été utile. N’hésitez pas à regarder mes services et à me contacter si vous pensez que je peux vous aider davantage.
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Florence,

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